Comment se passe la radiation d’une SCI par le greffe ?

La radiation d’une société civile immobilière (SCI) par le greffe du tribunal de commerce constitue l’acte final qui met définitivement fin à l’existence juridique de la société. Cette procédure administrative complexe nécessite le respect d’un formalisme strict et l’accomplissement de plusieurs étapes préalables. Que ce soit dans le cadre d’une dissolution volontaire ou d’une radiation d’office, comprendre les mécanismes de cette suppression du registre du commerce et des sociétés s’avère essentiel pour tout dirigeant de SCI. Les enjeux juridiques et fiscaux de cette démarche impactent directement les associés et les créanciers de la société.

Procédure de radiation volontaire d’une SCI auprès du greffe du tribunal de commerce

La radiation volontaire d’une SCI s’inscrit dans une démarche initiée par les associés eux-mêmes, contrairement à la radiation d’office imposée par l’administration. Cette procédure intervient après la phase de liquidation amiable et constitue l’étape ultime de fermeture de la société. Le processus exige une préparation minutieuse et le respect de délais précis pour éviter tout rejet de la demande par le greffe compétent.

Dépôt de la demande de radiation au greffe compétent selon le siège social

La compétence territoriale du greffe dépend exclusivement de l’adresse du siège social de la SCI telle qu’elle figure dans les statuts. Cette règle s’applique même si la société a déménagé ses activités dans un autre département sans modifier officiellement son siège statutaire. Le dépôt s’effectue désormais obligatoirement par voie dématérialisée via le guichet unique des formalités des entreprises, géré par l’INPI depuis le 1er janvier 2023. Cette digitalisation vise à simplifier les démarches tout en maintenant la sécurité juridique des procédures.

Constitution du dossier de radiation : statuts, PV d’assemblée générale et attestation de liquidation

Le dossier de radiation doit impérativement comprendre plusieurs documents certifiés conformes par le liquidateur. Le procès-verbal de l’assemblée générale de clôture de liquidation constitue la pièce maîtresse, attestant de l’approbation des comptes définitifs par les associés. Les comptes de liquidation, quant à eux, doivent faire apparaître clairement le règlement de toutes les dettes et la répartition de l’actif net entre les associés selon leurs droits respectifs.

L’attestation de parution de l’avis de clôture de liquidation dans un journal d’annonces légales du département du siège social complète ce dossier. Cette publicité légale, obligatoire depuis au moins trente jours, informe les tiers de la fin des opérations de liquidation. Le greffier vérifie scrupuleusement la conformité de chaque document avant d’accepter la demande de radiation.

Délais de traitement par le greffier et accusé de réception de la demande

Une fois le dossier déposé sur la plateforme dématérialisée, le greffier dispose d’un délai maximum de quinze jours pour examiner la demande et vérifier sa conformité. Ce délai peut s’avérer plus long en période de forte activité ou lors de la fermeture annuelle des greffes. L’accusé de réception électronique confirme la bonne réception du dossier et fournit un numéro de suivi permettant de consulter l’avancement de la procédure.

En cas d’irrégularité ou de pièce manquante, le greffier adresse une demande de régularisation dans les mêmes délais. Cette notification précise les éléments à corriger ou à compléter, suspendant le traitement jusqu’à la fourniture des documents conformes. La réactivité dans la réponse à ces demandes conditionne la rapidité de la radiation effective.

Coût de la radiation au greffe : tarifs 2024 et modalités de paiement

Le tarif de la radiation d’une SCI au greffe s’élève à 13,93 euros pour l’immatriculation principale avec dépôt d’acte, tandis que la radiation sans dépôt d’acte demeure gratuite. Ces frais s’appliquent uniquement au siège social, des coûts supplémentaires de 44,17 euros concernant chaque établissement secondaire situé dans le ressort d’un autre greffe. Le paiement s’effectue exclusivement par voie électronique lors du dépôt de la demande sur le portail du guichet unique.

Il convient d’ajouter à ces frais de greffe le coût des annonces légales, estimé entre 150 et 250 euros selon la longueur du texte et le département de publication. Les honoraires du liquidateur, s’il s’agit d’un professionnel externe, peuvent représenter une charge supplémentaire non négligeable selon la complexité de la liquidation.

Notification de la radiation et mise à jour du registre du commerce et des sociétés

La radiation devient effective dès sa publication au Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (BODACC), généralement dans les huit jours suivant la décision du greffier. Cette publication officielle marque la disparition définitive de la personnalité morale de la SCI et son effacement du registre du commerce et des sociétés. Un extrait Kbis de radiation est alors délivré, attestant de cette suppression pour toute démarche ultérieure.

La notification automatique de cette radiation parvient aux organismes fiscaux et sociaux concernés, déclenchant la clôture définitive des dossiers administratifs de la société. Cette interconnexion informatique évite aux anciens dirigeants de multiplier les démarches de fermeture auprès de chaque administration.

Conditions préalables à la radiation d’une SCI par dissolution-liquidation

La radiation d’une SCI ne peut intervenir qu’au terme d’un processus de dissolution-liquidation rigoureusement encadré par le droit des sociétés. Cette procédure préalable garantit le respect des droits des associés, des créanciers et des tiers ayant contracté avec la société. Chaque étape revêt une importance capitale et conditionne la validité de la radiation finale.

Assemblée générale extraordinaire des associés et vote de dissolution

La dissolution volontaire d’une SCI nécessite une décision formelle des associés réunis en assemblée générale extraordinaire. Les statuts déterminent généralement les conditions de quorum et de majorité requises pour cette décision, souvent fixées à l’unanimité pour préserver les intérêts de chaque associé. Cette exigence d’unanimité reflète le caractère intuitu personae de la société civile immobilière.

Le procès-verbal de cette assemblée doit mentionner précisément les motifs de la dissolution, qu’il s’agisse de la réalisation de l’objet social, de mésententes entre associés ou de difficultés économiques. Cette motivation revêt une importance particulière car elle peut influer sur le traitement fiscal de la liquidation, notamment en matière de plus-values immobilières.

La dissolution marque le début de la période de liquidation pendant laquelle la société subsiste uniquement pour les besoins de l’apurement de son patrimoine.

Nomination du liquidateur et clôture de la liquidation amiable

L’assemblée de dissolution procède simultanément à la désignation du liquidateur, personnage central de cette phase transitoire. Ce dernier peut être choisi parmi les associés ou les tiers, sa mission consistant à réaliser l’actif social et à apurer le passif dans l’intérêt de tous les participants. Les pouvoirs du liquidateur, définis par l’assemblée, doivent être suffisamment larges pour mener à bien cette mission complexe.

La durée de la liquidation ne peut excéder trois ans à compter de la dissolution, sous peine de voir le tribunal prononcer la liquidation judiciaire de la société. Cette contrainte temporelle impose au liquidateur une gestion efficace et méthodique des opérations de réalisation et d’apurement. Les associés conservent néanmoins la possibilité de proroger ce délai par une décision expresse.

Durant cette période, la société doit faire figurer la mention « société en liquidation » sur tous ses documents officiels et correspondances. Cette obligation d’information protège les tiers contre les risques liés à la situation particulière de la société en cours de dissolution.

Publicité légale dans un journal d’annonces légales du département

La publicité de la dissolution puis de la clôture de liquidation s’effectue par voie d’annonces légales dans un journal habilité du département du siège social. Ces publications, obligatoires et tarifées, informent les créanciers potentiels et les tiers de l’évolution de la situation juridique de la société. Le contenu de ces annonces obéit à des règles précises fixées par la réglementation.

L’annonce de dissolution doit notamment mentionner la dénomination sociale, la forme juridique, l’adresse du siège, les références d’immatriculation, les causes de la dissolution et l’identité du liquidateur. L’avis de clôture de liquidation reprend ces éléments en précisant la date de clôture des opérations et les modalités de consultation des comptes de liquidation.

Approbation des comptes de liquidation et quitus au liquidateur

L’assemblée générale de clôture de liquidation constitue l’acte final de la vie sociale. Les associés examinent le rapport du liquidateur, les comptes définitifs de liquidation et se prononcent sur la décharge de sa mission. Cette approbation formelle conditionne la régularité de la procédure et la possibilité d’obtenir la radiation auprès du greffe compétent.

Les comptes de liquidation doivent faire apparaître clairement le résultat des opérations, qu’il s’agisse d’un boni ou d’un mali de liquidation. En cas de boni, sa répartition entre les associés obéit aux règles statutaires ou légales de partage. Un mali de liquidation peut nécessiter des versements complémentaires de la part des associés selon les stipulations des statuts.

Le quitus accordé au liquidateur libère ce dernier de sa responsabilité pour la gestion des opérations de liquidation, sous réserve des actions en responsabilité pour faute caractérisée.

Radiation d’office d’une SCI pour défaut de déclaration ou inactivité prolongée

La radiation d’office constitue une sanction administrative prononcée par le greffier à l’encontre des sociétés défaillantes dans leurs obligations déclaratives. Cette procédure, initiée par l’administration, vise à assainir le registre du commerce et des sociétés en supprimant les entités inactives ou non conformes à leurs obligations légales.

Mise en demeure du greffe pour non-dépôt des comptes annuels obligatoires

Le défaut de dépôt des comptes annuels dans les délais légaux déclenche une procédure d’alerte du greffe du tribunal de commerce. Cette mise en demeure, adressée au siège social de la société, rappelle les obligations légales et fixe un délai de régularisation généralement de trois mois. L’absence de réaction dans ce délai expose la société à une procédure de radiation d’office.

Cette obligation de dépôt concerne toutes les SCI, y compris celles bénéficiant de la dispense de publication des comptes en raison de leur taille. La simple production des comptes au greffe, même non publiés, suffit à satisfaire cette exigence légale. Les dirigeants négligents s’exposent également à des amendes personnelles pour manquement à leurs obligations.

Procédure de radiation d’office après 2 années consécutives de non-déclaration

Lorsque la société accumule deux années consécutives de défaut de déclaration malgré les mises en demeure, le greffier peut engager la procédure de radiation d’office. Cette décision, prise après un dernier avertissement, entraîne la suppression automatique de l’immatriculation de la société au registre du commerce et des sociétés. La procédure respecte néanmoins le principe du contradictoire en permettant à la société de présenter ses observations.

La radiation d’office peut également résulter d’autres causes comme la cessation d’activité déclarée depuis plus de trois mois sans régularisation, ou l’impossibilité de localiser la société à son siège social déclaré. Ces situations témoignent d’un abandon de fait de la structure juridique par ses dirigeants.

Possibilité de rétablissement dans les 3 ans suivant la radiation d’office

La radiation d’office n’emporte pas dissolution de la société, contrairement à la radiation volontaire. Les dirigeants disposent d’un délai de six mois pour contester cette décision devant le greffier en apportant la preuve de la régularisation de leur situation. Au-delà de ce délai, ils peuvent encore demander le rétablissement de l’immatriculation dans un délai maximum de trois ans.

Cette faculté de rétablissement nécessite la justification des motifs de la défaillance initiale et la régularisation complète de la situation de la société. Les frais afférents à cette procédure s’ajoutent aux pénalités éventuelles pour retard dans les déclarations obligatoires. Passé le délai de trois ans, la société devra procéder à une nouvelle immatriculation avec attribution d’un nouveau numéro SIREN.

La radiation d’office préserve les droits des créanciers qui peuvent toujours agir contre la société radiée, notamment en demandant la désignation d’un mandataire ad hoc.

Conséquences juridiques et fiscales de la radiation d’une SCI

La radiation d’une SCI, qu’elle soit volontaire ou d’office, produit des effets juridiques immédiats et durables sur la société, ses dirigeants et ses créanciers. Cette suppression de la personnalité morale n’efface pas pour autant toutes les conséquences de l’activité passée de la société. Les implications fiscales méritent une attention particulière, notamment en matière de plus-values immobilières et de transmission de patrimoine.

Sur le plan juridique, la société radiée perd sa capacité à ester en justice, à contracter ou à accomplir tout acte de la vie civile. Cette incapacité ne fait pas obstacle aux actions en responsabilité dirigées contre les anciens dirigeants pour les actes accomplis durant leur mandat. Les créanciers conservent également la possibilité d’agir contre le patrimoine liquidé selon les règles de droit commun.

Fiscalement, la radiation déclenche l’imposition immédiate des plus-values latentes sur les biens immobiliers détenus par la société, selon le

régime fiscal applicable aux associés personnes physiques ou morales. Cette taxation immédiate peut représenter une charge fiscale significative que les associés doivent anticiper lors de la planification de la dissolution.Les conséquences sociales touchent également les dirigeants non salariés qui perdent leur affiliation au régime social des indépendants. Cette cessation d’affiliation peut impacter leurs droits à retraite et nécessite une régularisation des cotisations sociales en cours. Les salariés éventuels de la SCI bénéficient des garanties légales en matière de licenciement économique et de recherche de reclassement.

La radiation d’une SCI familiale peut déclencher des droits de mutation à titre gratuit si la répartition de l’actif ne respecte pas les proportions d’apport initial des associés.

En matière de TVA, la cessation d’activité impose une régularisation immédiate de la taxe sur les opérations réalisées et non encore déclarées. Cette régularisation concerne notamment les ventes d’immeubles soumises à TVA et les prestations de services en cours d’exécution. L’administration fiscale dispose d’un délai de reprise de trois ans pour contrôler les déclarations de la société radiée.

Différences entre radiation au RCS et dissolution d’une SCI familiale ou patrimoniale

La distinction entre radiation au registre du commerce et des sociétés et dissolution effective revêt une importance particulière pour les SCI familiales ou patrimoniales. Cette nuance juridique influence directement les stratégies de transmission de patrimoine et les choix fiscaux des familles propriétaires d’immeubles via une structure sociétaire.La radiation administrative supprime la société des registres officiels sans pour autant éteindre toutes ses obligations juridiques antérieures. Cette persistance juridique partielle permet aux créanciers de poursuivre leurs actions en recouvrement selon des modalités spécifiques. Les tribunaux peuvent désigner un mandataire ad hoc pour représenter la société radiée dans le cadre de ces procédures contentieuses.Pour les SCI familiales, cette différence prend une dimension particulière en matière de transmission intergénérationnelle. La radiation volontaire permet un contrôle total du calendrier et des modalités de répartition de l’actif immobilier entre les héritiers. Cette maîtrise temporelle peut s’avérer déterminante pour optimiser la fiscalité de la transmission et respecter les équilibres familiaux.Les SCI patrimoniales, quant à elles, bénéficient souvent de régimes fiscaux préférentiels en matière de plus-values immobilières ou de droits de mutation. La radiation volontaire preserve ces avantages en permettant une planification fiscale optimale, contrairement à une radiation d’office qui impose un calendrier subi. Cette planification inclut notamment le choix du moment de la réalisation des plus-values et leur étalement dans le temps.La dissolution d’une SCI familiale nécessite par ailleurs une attention particulière aux clauses d’agrément et de préemption figurant dans les statuts. Ces dispositions, conçues pour préserver la cohésion familiale, peuvent compliquer la procédure de liquidation si des conflits émergent entre les branches familiales. La médiation familiale peut alors s’avérer nécessaire pour aboutir à un accord sur les modalités de partage.

Dans le cadre d’une SCI familiale, la radiation peut déclencher l’application de la réserve héréditaire si la répartition de l’actif ne respecte pas les droits légaux des héritiers réservataires.

L’impact fiscal de la radiation diffère également selon la nature patrimoniale ou commerciale de la SCI. Les SCI à objet civil pur bénéficient de régimes d’exonération de plus-values sous certaines conditions, notamment pour la résidence principale ou les petites cessions. Ces avantages fiscaux peuvent être perdus en cas de requalification commerciale de l’activité de la société.Les conséquences successorales de la radiation méritent une analyse approfondie dans le cadre de la planification patrimoniale familiale. La répartition de l’actif net de liquidation entre les associés peut être assimilée à une donation indirecte si elle ne respecte pas strictement les proportions de détention des parts sociales. Cette requalification fiscale expose les bénéficiaires aux droits de donation selon les barèmes en vigueur.La radiation d’une SCI patrimoniale peut enfin déclencher des obligations déclaratives spécifiques en matière d’impôt sur la fortune immobilière (IFI) pour les associés détenant un patrimoine immobilier significatif. Cette taxation complémentaire doit être anticipée lors de la planification de la dissolution pour éviter des régularisations ultérieures pénalisantes.

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